top of page
  • Mireille Allée

L’Humain, au Cœur du management



Management, cet anglicisme couramment employé dans le monde du travail provient de mano en italien, tout droit dérivé de manus en latin. Un mot dans lequel on perçoit très clairement la présence de la main et donc très concret. Mais de quoi le management peut -il se faire le maniement ? Produit-il, fait-il quelque chose de ses mains ? Quelles sont les activités de base du management aujourd’hui ? N’est-il pas important pour tout manager de s’arrêter de temps en temps et regarder où il met son énergie, pourquoi il la place à certains endroits, ce qui est aussi essentiel et qu’il a pu mettre de côté pris par la charge de travail et les attentes extérieures ?


Les activités du manager sont multiples, entre la planification, l’organisation, l’activation, le contrôle, la gestion de données budgétaires ou autres, la gestion des ressources humaines, la réflexion et mise en place de projets, la pose d’objectifs, la participation et animation de réunions, la gestion d’équipe, …

Les managers pilotent le travail via des outils : tableaux de bord, référentiel de compétences, plan stratégique, projet d’établissement, ….

Tout est enregistré comme des informations : taux d’absentéisme, taux de turn over, risques psycho sociaux, … et sont traités par un processus correctif : mobilité, licenciement, formation, coaching, recrutement, …

Nous parlons d’attirer et garder des talents (surtout de nos jours) ; de maitriser des soft skills, ces compétences dites « douces » ; de développer l’intelligence émotionnelle, ….


En s’arrêtant, nous pouvons voir dans quelle spirale on se trouve, bien malgré nous. En effet, les forces en présence, intérieures et extérieures, peuvent être puissantes pour nous entrainer dans un management qui peut devenir gestion et peut-être plus suffisamment management où l’Humain est au Cœur.

La main visible de forces générées par le marché et le modèle sociétal s'est-elle substituée à la main plus invisible du management ?


Qu’est ce qui peut nous rapprocher insidieusement de la dimension gestion et nous éloigner de la dimension humaine et d’accompagnement dans notre façon de manager ?

Cela peut-il être en lien avec la peur et ainsi à la connaissance de nous-même ? La gestion qui est rationnelle est plus rassurante pour beaucoup d’êtres humains. On peut avoir peur de ne pas savoir comment manager humainement ses collaborateurs. En effet, le management est une affaire humaine et d’humanité et renvoie donc chacun à qui il est, à comment il se comporte, à ce qu’il ressent, à l’impact des autres sur soi. Peut-on découvrir un autre sans passer par soi, espérer le connaître sans travailler à la connaissance de soi ? Les personnes rencontrées nous amènent à être changé, dérangé, déstabilisé, chamboulé parfois et on ne sait pas toujours comment faire avec ce qui se passe en nous.

De plus, les formations au management s’orientent principalement ou exclusivement sur l’apport de techniques ou méthodes pour manager : comment animer une réunion, comment faire un entretien de recadrage, comment faire un feed back ou/et un feed forward, comment déléguer, ….Ou sur l’apport et expérimentation d’outils de personnalité et ainsi on se « range » et on peut placer ses collaborateurs dans une certaine catégorie ou profil. Mais dans le quotidien, le manager peut se trouver démuni car l’être humain est complexe et peut-il être réduit à une suite logique ou enfermé dans un classement ? A chacun sa vision et de pouvoir éventuellement la remettre en question car c’est cette vision intérieure qui guide nos comportements et actions au quotidien.


Ainsi, en vivant dans la peur, nous contrôlons. Nous sommes manipulés par notre mental via les pensées ou nous nous laissons séduire, prendre par l’extérieur. Nous nous contrôlons et contrôlons donc les autres afin d’aller dans le sens de ce que notre mental nous dit ou ce que l’extérieur (ou ce que l’on croit) attend de nous. Nous manquons alors de recul pour discerner ce qui est juste et bon et pour se positionner en respect vis-à-vis de chacun.

Si nous poursuivons le processus, la peur nous amène à contrôler en vue d’obtenir un résultat que notre mental ou l’extérieur nous dicte. Mais quel résultat, oserons-nous nous poser la question ?

Ainsi, peu à peu, nous pouvons nous éloigner de qui nous sommes.


En effet, ce qui peut nous conduire à éviter ou fuir la dimension d’accompagnement dans le management se situe peut-être également dans la nature de l’être humain. Qui sommes-nous ? Sommes-nous la peur ? Sommes-nous ce que nous pensons ?

Sommes-nous cet être fragile, peureux, plein de doutes ? Y a-t-il en nous une force intérieure, une énergie de confiance et un Cœur que nous ne contactons pas et n’habitons pas suffisamment ? Car on ne nous a pas enseigné à Être mais à savoir et à faire pour avoir. Étant donné que nous ne sommes pas fermement ancrés dans l’Être, alors nous subissons les vents et marées de nos pensées ou de l’extérieur.

Sommes-nous une juxtaposition de compétences, de talents, d’intelligence émotionnelle, … ? Sommes-nous bien plus et au-delà de cette addition ? Quelles limites avons-nous en nous qui forgent notre vision de nous-même et donc de l’autre ? Quelle est notre vision de l’être humain ? Comment le voyons-nous ? Ces questions sont importantes car les collaborateurs ressentent comment ils sont vus par leur manager : comme des « mains », sources de production et de rentabilité ; comme une « main d’œuvre » de laquelle on attend ou exige des bons résultats pour flatter notre égo ; comme un être à part entière bien plus grand que ce que l’on voit ou même ressent et qui mérite notre respect ?


Alors, qu’est-ce qu’un management où l’Humain est au Cœur ?

L’Humain n’est -il pas au Cœur d’une entreprise depuis son origine ? A la création d’une structure, il y a un ou plusieurs êtres humains qui ont été inspirés. Celle-ci est composée d’individus qui ont chacun une place, un rôle et réalisent des tâches. Une entreprise au sens large apporte un service ou un produit à des citoyens du monde. L’Humain est partout et en tout temps et pourtant, nous pouvons oublier, nous illusionner …..


Un management où l’Humain est au Cœur pourrait-il être un management où :

- Le responsable connait le travail de chacun dans son poste et ainsi les personnes peuvent se sentir mieux comprises.

- Nous nous ouvrons et nous intéressons à l’expérience vécue par les personnes. Chaque situation est une expérience à laquelle nous donnons une signification et une existence propre, sans quoi elle n’en a pas. Ainsi, nous pouvons nous positionner dans la reconnaissance et la considération de la vision de chacun pour construire ensemble.

- Le manager peut ressentir véritablement et vivre cette dimension d’accompagnement en étant dans une vraie écoute, un accueil des difficultés, peurs, doutes, souhaits, …. et une aide désintéressée, bien entendu dans les limites d’un champ professionnel.

- La créativité, voie d’expression et de réalisation individuelle et collective, est réhabilitée à une juste place au service de l’Être. La reconnaissance de l’originalité de chacun dans sa créativité est source de joie et de vie dans des espaces professionnels.

- Le responsable prend conscience de l’importance du recul pour lui-même, il apprend à se connaître pour mieux connaître les autres. Un changement de positionnement intérieur fait naître un autre regard qui contribue à transformer l’extérieur. En prenant responsabilité de ce que l’on souhaite créer et engendrer, on est alors un vecteur essentiel de transformation pour le meilleur des êtres humains en lien avec l’entreprise.

- La Vie, la confiance sont ensemencées et nourries dans les Cœurs.

…/….


C’est à chaque responsable de répondre dans son for intérieur avec sa conscience, à quoi ressemble le management qu’il vit dans son quotidien professionnel, son intention, les valeurs qui le sous-tendent et comment il l’exprime auprès des êtres. Nous pouvons nous faire aider sur ce chemin de creux, de bosses, de reliefs accidentés et aussi d’apprentissage, de belles rencontres, de partage et de joie dans le travail ensemble. En vivant un accompagnement pour soi, nous pouvons ressentir l’essence même de l’accompagnement vis-à-vis des autres.


« Quand le pouvoir de l’Amour dépassera l’amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix » a dit Jimi Hendrix.

Les clés sont en nous pour que le Beau et le bon puissent être semés, cultivés, vivifiés et la récolte peut nous surprendre ….


bottom of page